#3 - Le fossé USA-Europe qui coûte ta retraite (1/2)

Les USA dominent le monde boursier (et ce n'est pas un hasard)
Des chiffres qui font tourner la tête : le fossé de performance USA vs reste du monde
Alors, laisse-moi te poser cette question : si je te disais qu'un marché a fait +180% sur les 10 dernières années, tandis qu'un autre n'a fait que +53%, tu voudrais investir dans lequel ?
Pas besoin d'être Warren Buffett pour répondre à celle-là, hein ?
Ces chiffres, ce sont ceux des performances du marché américain (S&P 500) versus le marché européen (STOXX 50) depuis 2015. Et on ne parle pas d'une petite différence de quelques pourcentages... on parle d'un écart colossal !
Je sais ce que tu te dis : "Encore des statistiques barbantes... Est-ce que ça va vraiment m'aider à comprendre la finance ?" Crois-moi, comprendre pourquoi les USA surperforment les autres marchés est absolument crucial pour saisir les dynamiques des marchés financiers mondiaux.
Les marchés américains ne sont pas juste 'meilleurs' par hasard. C'est comme comparer une Mustang à une Twingo. Elles roulent toutes les deux, mais l'une a clairement plus de puissance sous le capot.
Les secrets de la machine à succès américaine
Tu te demandes probablement ce qui rend le marché américain si spécial ? C'est normal, c'est la question que je me posais aussi quand j'ai commencé à m'intéresser à la finance. Laisse-moi te décomposer les ingrédients de cette recette gagnante.
La flexibilité du marché du travail : le facteur caché qui change tout
Imagine un terrain de jeu avec aucunes règles versus un terrain où chaque mouvement est réglementé et controlé. Sur lequel penses-tu qu'on peut jouer ?
Aux États-Unis, embaucher et licencier des employés est beaucoup plus simple qu'en Europe. "Mais c'est pas un peu cruel ça ?" pourrais-tu penser. En fait, c'est une médaille à deux faces.
D'un côté, oui, les employés américains ont moins de protection. Mais de l'autre, cette flexibilité permet aux entreprises de :
- S'adapter rapidement aux changements du marché
- Tester de nouvelles idées sans risquer la faillite
- Rediriger les ressources vers les secteurs les plus prometteurs Prenons un exemple concret : pendant la crise du COVID, les entreprises américaines ont pu licencier rapidement (douloureux à court terme, certes), mais elles ont aussi pu réembaucher beaucoup plus vite quand l'économie a repris. En Europe, les procédures de licenciement ont été plus lentes, mais la reprise des embauches aussi.
Cette flexibilité favorise l'innovation et l'entrepreneuriat. En France, quand tu embauches quelqu'un, c'est quasiment comme un mariage ! Tu réfléchis longuement avant de sauter le pas. Aux USA, c'est plutôt comme un premier rendez-vous amoureux : si ça ne colle pas, chacun peut reprendre sa route sans grande cérémonie.
Cette différence est frappante dans les témoignages d'entrepreneurs. Par exemple, Julien Codorniou, ancien directeur chez Facebook devenu business angel, a souvent expliqué comment les processus d'embauche en Californie peuvent se faire en quelques jours, contre plusieurs semaines en France. Cette réactivité change tout pour une entreprise en croissance.
En conséquence, les entreprises américaines peuvent pivoter plus facilement, s'adapter aux nouvelles technologies, et rester compétitives sur la scène mondiale. Tu comprends mieux pourquoi les actions des entreprises US peuvent croître plus rapidement ?
L'argent comme élément culturel : l'American Dream n'est pas qu'un mythe
On a tous entendu parler de l'American Dream, mais ce n'est pas juste un cliché de film hollywoodien. Aux États-Unis, gagner de l'argent et devenir riche n'est pas tabou - c'est carrément valorisé !
En Europe, parler d'argent est souvent mal vu. Tu as déjà essayé de demander son salaire à un collègue français ? Malaise garanti ! Aux USA, c'est beaucoup plus ouvert.
Cette culture de l'argent a un impact direct sur les marchés financiers :
- Les Américains sont plus enclins à investir en bourse (environ 58% des Américains possèdent des actions contre moins de 20% des Français)
- L'entrepreneuriat y est glorifié, pas suspect
- L'échec est vu comme une étape vers le succès, pas comme une honte Si tu as déjà vu "Shark Tank" (l'équivalent américain de "Qui veut être mon associé ?"), tu auras remarqué la différence : les entrepreneurs américains annoncent fièrement vouloir devenir milliardaires. En France, on préfère souvent parler d'impact social ou environnemental... même si, soyons honnêtes, tout le monde veut aussi gagner de l'argent !
Et cette obsession de la réussite financière pousse les entreprises à se focaliser davantage sur leur rentabilité et leur cours de bourse. Quand le PDG est jugé principalement sur la performance boursière (et qu'une grande partie de sa rémunération en dépend), devine où vont ses priorités ?
Tu vois comment cette mentalité peut créer un environnement plus favorable pour les entreprises cotées en bourse ?
La monnaie forte : le dollar, cette arme de domination massive
Le dollar n'est pas juste une monnaie parmi d'autres, c'est LA monnaie mondiale.
Imagine que tu sois le seul vendeur de billets pour un concert super populaire. Tu aurais un sacré avantage, non ? C'est exactement la position des USA avec le dollar.
Voici quelques faits impressionnants :
- Plus de 60% des réserves mondiales de devises sont en dollars
- Près de 90% des transactions de change impliquent le dollar
- La plupart des matières premières (pétrole, or, etc.) sont négociées en dollars
Cette domination du dollar donne aux États-Unis ce que les économistes appellent un "privilège exorbitant". En gros, ils peuvent emprunter à des taux plus bas et financer plus facilement leur économie.
Concrètement, ça veut dire quoi ? Eh bien, quand la Fed (la banque centrale américaine) imprime des dollars, elle peut en partie "exporter" son inflation vers le reste du monde. Quand l'Europe imprime des euros, elle garde toute son inflation pour elle !
De plus, cette position centrale du dollar crée un flux constant de capitaux vers les États-Unis. Si tu es un pays producteur de pétrole, tu accumules des dollars... que tu vas probablement réinvestir aux USA, notamment en bourse. C'est comme si tout le monde jouait à un Monopoly où un joueur est aussi le banquier !
Un écosystème de financement privé qui fait rêver les entrepreneurs
Si tu as une idée de startup en Europe, trouver de l'argent peut vite devenir un parcours du combattant. Aux USA ? C'est un terrain de jeu bien plus accueillant.
Voici pourquoi :
- Le capital-risque américain, c'est environ 130 milliards de dollars par an, contre seulement 20 milliards en Europe
- Les valorisations y sont généralement plus élevées (souvent 2 à 3 fois supérieures pour des startups comparables)
- L'écosystème est plus mature, avec des investisseurs qui comprennent mieux le risque C'est comme comparer un océan à un lac, évidemment qu'il y aura plus de gros poissons dans l'océan !
Le cas de Criteo est parlant. Cette pépite française a dû s'exiler aux États-Unis pour lever des fonds sérieux. Après avoir galéré pour convaincre les investisseurs européens, ils ont levé 250 millions de dollars en quelques mois à peine côté américain. Et quand ils sont entrés en bourse ? C'est à New York qu'ils l'ont fait, pas à Paris.
Ce financement massif permet aux entreprises américaines de grandir plus vite, d'innover davantage, et finalement de dominer leurs marchés avant que la concurrence européenne n'ait eu le temps de lever des fonds significatifs.
Pense à SpaceX, Tesla, Uber... Ces entreprises ont brûlé des milliards avant de devenir rentables. En Europe, elles auraient probablement fermé leurs portes bien avant d'atteindre leur plein potentiel.
En plus, les investisseurs américains ont souvent une mentalité "go big or go home". Ils préfèrent financer 10 startups dont 9 échoueront si la dixième devient un géant, plutôt que 10 entreprises modestement rentables. Cette culture du risque extrême crée plus de licornes (startups valorisées à plus d'un milliard) et ultimement plus de géants boursiers.
Le système de retraite qui alimente continuellement la machine
Voici un point que peu de gens comprennent : le système de retraite américain est une véritable pompe à liquidités pour la bourse.
Aux USA, une grande partie des retraites passe par des plans 401(k) ou IRA, qui sont investis en... tu l'as deviné : en actions !
Ce système crée un flux constant de nouveaux capitaux vers les marchés :
- Chaque mois, des millions d'Américains versent automatiquement une partie de leur salaire dans ces plans
- Ces versements se font quels que soient les conditions du marché (c'est prélevé automatiquement sur la paie)
- Le total représente des centaines de milliards de dollars chaque année C'est simple : quand une rivière alimente sans cesse un lac, son niveau finit toujours par monter. C'est mathématique.
En Europe, les systèmes de retraite sont majoritairement par répartition (les actifs paient pour les retraités actuels), donc cet effet de pompe n'existe pas dans les mêmes proportions.
De plus, comme ces plans sont défiscalisés, les Américains sont fortement incités à y contribuer au maximum. C'est un cercle vertueux : plus les Américains investissent pour leur retraite, plus les entreprises américaines ont accès à des capitaux abondants, plus elles peuvent croître, plus les actions montent, plus les Américains sont satisfaits de leur investissement !
À suivre dans notre prochaine newsletter...
Tu viens de découvrir cinq facteurs majeurs qui expliquent pourquoi la bourse américaine surperforme le reste du monde :
- la flexibilité du marché du travail
- la culture de l'argent
- la force du dollar
- l'écosystème de financement privé
- le système de retraite qui alimente continuellement les marchés Mais ce n'est que la première partie de l'histoire ! Dans notre prochaine newsletter, je vais te révéler d'autres facteurs tout aussi déterminants qui complètent ce tableau impressionnant.
Tu vas comprendre pourquoi cet écosystème américain est si difficile à répliquer et pourquoi il continuera probablement à dominer les marchés mondiaux dans les années à venir.