#1 - Investir à l'étranger ? Attention à ce détail crucial ☠️

Comprendre le risque de change
1. Pourquoi ce risque devrait vous intéresser ?
Vous pensez peut-être que le risque de change, c'est un truc compliqué réservé aux experts. Détrompez-vous ! Si vous investissez en bourse, même via des ETF, vous y êtes probablement exposé sans le savoir.
C'est quoi au juste, le risque de change ?
Imaginez que vous achetez des actions américaines. Le dollar monte, le dollar baisse... et ça impacte directement vos gains ou vos pertes. C'est ça, le risque de change : l'effet des variations de devises sur vos investissements.
Pourquoi on en parle si peu ?
Ces dernières années, les marchés boursiers ont connu des mouvements tellement spectaculaires qu'ils ont un peu masqué l'impact du change. Quand votre investissement fait +20% ou -20%, une variation de quelques pourcents sur l'euro-dollar passe presque inaperçue.
Mais attention, ça peut faire mal !
Imaginez maintenant que votre investissement ne gagne "que" 7%. Si l'euro se renforce de 7% face au dollar pendant la même période, vous vous retrouvez à zéro ! Dans un marché moins volatil, le risque de change peut vraiment faire la différence entre un bon et un mauvais investissement.
2. Le risque de change caché dans vos actions
Vous ne le savez peut-être pas, mais même quand vous achetez des actions d'entreprises européennes, vous êtes exposé au risque de change. Pourquoi ? Parce que la plupart des grandes entreprises sont aujourd'hui des multinationales qui travaillent avec plusieurs devises.
Airbus : l'exemple parfait
Prenons Airbus, le géant européen de l'aéronautique. Même si c'est une entreprise européenne, 75% de son chiffre d'affaires est en dollars ! C'est une tradition du secteur aéronautique : tout se négocie en dollars, même avec des clients européens. Le hic ? Seulement 60% de leurs coûts sont en dollars. Donc si l'euro se renforce face au dollar, ça rogne directement leur marge.
Les entreprises face au risque de change
Les grandes entreprises ont plusieurs façons de gérer ce risque : Certaines ne font rien du tout. Si les délais entre la production et la vente sont courts, elles considèrent que ça n'en vaut pas la peine. Elles encaissent les variations de change, pour le meilleur et pour le pire. D'autres, comme Airbus, ne peuvent pas se le permettre. Quand vous fabriquez des avions qui seront livrés dans 3 ou 4 ans, vous ne pouvez pas jouer avec le risque de change. Alors ils "verrouillent" leurs taux de change à l'avance.
Le casse-tête des parts de marché
Il y a un autre aspect auquel on pense moins : l'impact sur les ventes. Si vous êtes une entreprise européenne qui vend aux États-Unis, un euro fort rend vos produits plus chers pour les Américains. Résultat ? Vous risquez de perdre des parts de marché face à vos concurrents américains.
Faut-il éviter les entreprises exposées au risque de change ?
Ce serait une erreur. Prenez Carrefour, qui semble être une entreprise très française. En réalité, plus de 25% de son chiffre d'affaires vient d'Amérique latine ! Même les entreprises apparemment "locales" sont souvent exposées aux variations de change.
En fait, cette exposition aux devises étrangères peut même être une force : elle apporte de la diversification à l'entreprise. Vouloir éliminer tout risque de change, c'est se priver des entreprises les plus dynamiques et les mieux diversifiées.
3. Le vrai risque de change pour l'investisseur
Parlons maintenant du risque de change qui vous concerne directement en tant qu'investisseur. C'est celui qui apparaît quand vous achetez des actions ou des ETF étrangers. Et vous allez voir, il y a quelques surprises !
Une histoire de deux investisseurs
Imaginons deux personnes qui achètent la même action Apple au même moment. L'une est américaine, l'autre européenne. Au bout de deux ans, l'action Apple a gagné 20%. L'investisseur américain est ravi : il a bien gagné ses 20%. Mais l'européen ? Son gain pourrait être très différent. Si le dollar s'est renforcé pendant ces deux ans, l'investisseur européen gagnera plus de 20%. En revanche, si le dollar s'est affaibli, il pourrait ne gagner que 15%, voir moins. Voilà l'effet direct du risque de change !
La fausse protection des actions en euros
Vous vous dites peut-être : "Je suis malin, je vais acheter Apple en euros à la bourse de Francfort !" Malheureusement, ça ne change rien. Le cours que vous voyez en euros n'est qu'une simple conversion du cours en dollars. Que vous achetiez Apple en euros ou en dollars, votre risque de change reste exactement le même.
Le cas particulier des ETF
C'est la même chose pour les ETF, et c'est là que beaucoup d'investisseurs se trompent. Un ETF S&P 500 acheté en euros sur Euronext vous expose autant au risque de change que s'il était acheté en dollars. La preuve ? En 2022, l'ETF S&P 500 en euros a surperformé sa version en dollars de 25% uniquement parce que le dollar s'est fortement apprécié !
Comment vraiment se protéger ?
Si vous voulez vraiment éliminer le risque de change, il existe des ETF "hedged" ou "couverts en change". Ils font le travail de couverture pour vous. Avec ces ETF, si le S&P 500 gagne 20% aux États-Unis, vous aurez à peu près la même performance en euros, indépendamment des variations de change. Prenons un ETF S&P 500 classique et sa version couverte en change. Si le S&P 500 monte de 10% et que le dollar baisse de 5%, voici ce qui se passe :
- Avec l'ETF classique : vous gagnez 10% moins 5%, soit environ 5%
- Avec l'ETF couvert : vous gagnez vos 10%, point final Mais attention : cette protection a un coût ! Les ETF couverts sont généralement plus chers que leurs équivalents non couverts.
4. Devriez-vous vous couvrir contre le risque de change ?
C'est une question très personnelle, qui mérite une réflexion approfondie. Pour vous aider à décider, examinons les principaux aspects à considérer.
La diversification, votre meilleure alliée
Tout comme vous diversifiez vos investissements entre différentes entreprises et secteurs, avoir plusieurs devises dans votre portefeuille peut être bénéfique. C'est un peu comme ne pas mettre tous vos œufs dans le même panier monétaire. Avoir des dollars, des euros, des francs suisses et d'autres devises peut vous protéger contre la faiblesse d'une monnaie en particulier.
Une question de confiance
Réfléchissez un instant : avez-vous vraiment plus confiance dans l'euro que dans le dollar ? Ou dans la manière dont la Banque Centrale Européenne gère sa politique monétaire par rapport à la Fed américaine ? Si vous n'avez pas de conviction forte sur la supériorité d'une devise, pourquoi vous priver des autres ?
Le secret caché des bénéfices internationaux
Voici un point crucial que beaucoup d'investisseurs négligent : ce qui compte vraiment, c'est l'origine des bénéfices, pas le lieu de cotation de l'entreprise. Prenons un exemple concret : Imaginez deux entreprises :
- Une américaine qui fait 50% de ses bénéfices en Europe et 50% aux États-Unis
- Une européenne avec exactement la même répartition Surprise : votre risque de change est identique, que vous achetiez l'une ou l'autre ! Pourquoi ? Parce que leurs bénéfices sont exposés aux mêmes variations de change, indépendamment de leur lieu de cotation.
Le long terme change tout
Sur le long terme, la valeur d'une entreprise suit ses résultats. Si une entreprise génère des bénéfices stables dans différentes devises, les variations de change finissent par s'équilibrer. C'est particulièrement vrai pour les grandes multinationales qui ont naturellement une diversification monétaire.
Ma recommandation personnelle
Plutôt que de chercher à éliminer complètement le risque de change, concentrez-vous sur :
- Comprendre votre exposition réelle aux devises
- Vérifier que cette exposition correspond à votre stratégie globale
- Accepter que certaines variations de change font partie du jeu de l'investissement international
5. En conclusion
Le risque de change ne devrait pas vous empêcher d'investir à l'international. C'est un élément à prendre en compte, mais pas nécessairement un ennemi à combattre. Comme pour tout en investissement, la clé est de comprendre ce risque et de l'intégrer consciemment dans votre stratégie globale.